vendredi 24 août 2012

Le tragique destin d'une athlète somalienne

Le dossard 2895 n'avait pas marqué les esprits aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008, finissant bon dernier au 200m. Pourtant, celle qui le portait avait ému. Saamiya Yusuf Omar était l'une des deux seules athlètes représentant la Somalie. Elle avait par ailleurs été désignée porte-drapeau de ce pays d'Afrique de l'est. « Cela a été très beau de défiler avec les meilleurs athlètes du monde », avait-elle répondu aux journalistes qui l'interrogeaient.
 

Le rêve d'une vie

Pour participer aux Jeux olympiques, elle avait dû surmonter une montagne d'obstacles. Le pays est dominé par les fondamentalistes islamiques, qui voient d'un mauvais œil une femme athlète. Mais l'aînée de six frères et sœurs s'entraîne dur. Tout ça pour voir son rêve brisé à son retour à Mogadiscio, sa ville natale. Les shebabs la menacent de
, affirme la chaîne d’information Al-Jazeera.

En octobre 2010, elle rejoint l'Ethiopie pour sauver sa peau et chercher un nouvel entraîneur en vue des Jeux de Londres. D'après Al-Jazeera, elle n'aurait peut-être pas obtenu la permission de s'y entraîner, de la part de la Athlétique d'Ethiopie. Afin de poursuivre le rêve olympique, Saamiya entreprend en avril une traversée clandestine avec d'autres migrants, entre la Libye et l'Italie. Elle espère pouvoir reprendre ses entraînements en Europe. Comme cela arrive trop fréquemment, le bateau coule. La jeune fille se noie et sa mort passe inaperçue.

Une disparition longtemps sous silence

Il a fallu l'intervention d'un ancien athlète somalien, Abdi Bile, champion du monde du 1 500 mètres en 1987, pour ébruiter la fin tragique de sa compatriote. « Savez-vous ce qu'est devenue Saamiya Yusuf Omar ? », s'est-il écrié, la voix brisée par l'émotion, lors d'une rencontre publique avec des membres du comité olympique somalien. Personne n'a su répondre. Abdi a repris : « Elle est morte pour rejoindre l'Occident. Elle était montée à bord d'une "charrette de la mer" qui, de Libye, devait la conduire en Italie. Mais elle n'y est jamais arrivée. »

Igiaba Scego, une écrivaine italo-somalienne, a écrit l'histoire de Saamiya pour inscrire dans l'histoire les deux visages de son pays d'origine. D'un coté Mohamed Farah, réfugié somalien naturalisé en Grande Bretagne, détenteur de multiples titres et records, et de l'autre Saamiya Yusuf Omar, qui est arrivée jusqu'à Pékin encore adolescente et, à 21 ans, avait peut-être en
Londres 2012 lorsqu'elle est montée à bord de l'embarcation qui l'a conduite à la mort en avril
 
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