Dans le petit appartement d'Edwige B…, sa maman, installée depuis trois ans dans une cité paisible au centre de Muret, on trouve partout des photos de Kévin. Souriant, il tient sa sœur aînée dans ses bras. L'air rêveur, il montre ses épaules carrées devant la glace de la salle de bain. Sur une troisième, il pose avec son oncle sur une plage du littoral audois. On le sent, le tout jeune homme aime bien sa propre image. Il s'est même trouvé une ressemblance avec le comédien Vincent Cassel, et s'en est inspiré pour ses comptes sur face book. Il y publie des petits commentaires, souvent provocateurs ; il partage ses morceaux de rap préféré, sous des pseudos qui rappellent l'acteur. Il sourit, mais ce sourire cache des blessures. Sa sœur et sa mère ne s'en cachent pas, le parcours de Kévin n'a rien d'un long fleuve tranquille. Kévin n'a peu connu son père, qui ne se serait que peu soucié de son fils. Élevé par sa mère qui divorce quand le petit garçon va sur ses trois ans, épaulé par sa grande sœur, frêle jeune femme d'apparence, mais solide comme un roc, il a d'abord grandi à Pamiers, dans le quartier de la gare.
Des bêtises de gosse…
«Les premiers soucis ont apparu quand il avait 13 ans, se souvient sa maman. Il a été exclu d'un collège, puis d'un second. C'était un gamin parfois querelleur, mais au grand cœur. Il aurait tout donné, même les choses qu'il n'avait pas». Et sa sœur d'ajouter : «Des bêtises de gosse, rien de grave. Il avait de mauvaises fréquentations». Mais, à force d'être mis à la porte, Kevin prend l'habitude de les claquer. Placé en foyer, il fugue à plusieurs reprises. «A ses 18 ans, reprend sa maman, j'ai commencé à moins le voir. Il ne venait plus qu'une fois par mois». Kévin vit alors chez la sœur de son père, à Pamiers. Il aide son oncle sur des chantiers. Mais il ne manque pas une occasion de rentrer voir sa sœur et son tout jeune fils, Tony, qu'il adore et dont il doit être le parrain. Le petit garçon est âgé de neuf mois, son oncle a disparu en mars. «Il l'a connu à peine», soupire sa mère, un sanglot dans la voix.Reste que le jeune homme galère. Il a même échoué en prison, pour une courte peine. Quand il passe voir sa mère et sa sœur, Kévin - qui n'a ni permis de conduire, ni voiture- paraît toujours sans le sou. Il emprunte cinq euros à l'une, dix euros à l'autre, pour s'acheter un paquet de cigarettes, ou rentrer sur Pamiers, en train. Les deux femmes sont inquiètes : elles se doutent bien que le jeune homme nourrit de mauvaises fréquentations. Et elles tentent de le raisonner, à chaque fois : «Je voulais qu'il se range, soupire Ludivine, qu'il fasse quelque chose de sa vie. Il promettait. Les derniers mois, je trouvais qu'il avait changé, et j'avais recommencé à y croire».
Le drame qui s'est noué, au printemps, en Haute-Ariège, a mis cruellement fin à cet espoir.
http://www.ladepeche.fr/article/2012/08/02/1411720-kevin-entre-l-ombre-et-la-lumiere.html
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