Angélique Millot, âgée de 26 ans, a été condamnée hier à quatre ans d'emprisonnement pour le meurtre de son bébé, à La Capelle le 25 mai 2009.
LA scène est toujours intense. Quand le désarroi se lit sur des traits et que la route de la liberté se referme. Condamnée à quatre ans d'emprisonnement et à un suivi socio-judiciaire de huit ans, Angélique Millot a été conduite hier soir, à la maison d'arrêt d'Amiens. Une issue peu surprenante.
La parole permet tout, notamment de conjurer le sort. C'est un pansement de vent. Elle ne soigne pas, mais elle favorise l'impossible.
Cela a été curieusement le cas avec les réquisitions de l'avocate générale, Mme Verbrugghen. Elle représente la société. En évoquant la petite fille, née le 25 mai 2009 à La Capelle, un être sans prénom, elle lui en donne un.
Ce sera Léa, le même que l'enfant abandonnée par l'accusée lors de son accouchement à l'âge de 17 ans. Avec ce simple montage, la victime existe soudain.
Elle revit. Elle est là enfin, même si personne ne la représente. Sa disparition n'en apparaît que plus horrible.
« Elle avait rendez-vous le jour de la naissance, non pas avec la vie, mais avec la mort. »
Pour la défense, la tâche est délicate. Maître Carlier-Brame n'est pas aidée par une accusée qui ne se livre pas. Angélique Millot verrouille ses émotions. Elle est ailleurs. Silencieuse et secrète. Elle lit un court texte, mais il est trop appliqué. Il y manque des accents de spontanéité et une évocation de sa fille décédée, la chaleur d'une maman en détresse.
« Tout ce qui est arrivé aurait pu être évité si j'avais su, si j'avais pu parler. Je ne cherche pas à me justifier. J'assume mes actes. »
Des forces et des failles
Le doute est là. Son regard fiévreux se nourrit-il de ses regrets ou de l'inquiétude de son avenir ? Des éléments attestent de la bonne capacité d'adaptation d'Angélique Millot.
Elle est aujourd'hui vendeuse dans un magasin d'équitation dans le Nord, possède même un cheval qu'elle affectionne. D'ailleurs, elle prononce son nom avec ravissement, « Hugo ». Ce n'est pas le profil de quelqu'un de désarçonné. La défense décrit pourtant ses failles.
« Elle ne se pense pas enceinte, donc, elle ne l'est pas. C'est un refus de voir la vérité », estime son avocate.
Mme Verbrugghen insiste plutôt sur une volonté souterraine, mais farouche. Une détermination de fer.
Elle décrit le « nettoyage méthodique de l'appartement » et « la dissimulation de preuves » pour insister sur l'essentiel à ses yeux : « Le mobile tient en quelques mots. Elle a dit : « Je n'en voulais pas. Je croyais que mon copain allait me quitter. » C'était faux. »
Angélique Millot a déjà été incarcérée neuf mois. Doit-elle retourner en prison ? L'avocate générale répond par l'affirmative. Elle souhaite une peine de détention immédiate et requiert quatre ans d'emprisonnement et un suivi socio-judiciaire de huit ans.http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/infanticide-laccusee-retourne-en-prison
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