Le contact – physique et radio – avait été rompu avec ce major de 46 ans alors qu’elle effectuait une reconnaissance dans les locaux de SeVeal en compagnie d’un binôme. Le système anti-incendie de cette entreprise spécialisée dans le stockage de produits phytosanitaires et classée Seveso II ou « seuil haut » en raison de la dangerosité des produits, s’était déclenché. Noyant une cellule de 1.000 m² sous 10 m de mousse ainsi qu’un local attenant. C’est là, dans un couloir, que les équipes de recherches, découvraient leur camarade.
L’enquête judiciaire, confiée à la Brigade criminelle de la Sûreté départementale, s’annonce longue et difficile. Les enquêteurs qui, hier, continuaient à auditionner pompiers et personnels de l’entreprise, devront tenter de lever deux énigmes. Pourquoi le système anti-incendie s’est déclenché alors que pour l’heure, aucun départ de feu n’aurait été clairement identifié ? Des constatations sur les lieux, menées hier par les techniciens en identification judiciaire (IJ), ne se sont pas déroulées dans des conditions pleinement satisfaisantes en raison d’une épaisseur de mousse persistante. Les investigations de police technique et scientifique reprendront aujourd’hui.
SeVeal, ex SANE Heillecourt
Au-delà de cet aspect technique, l’autre énigme concerne les circonstances à l’origine de ce drame humain qui plonge des proches et tout le Corps départemental des pompiers dans la douleur. Pourquoi cette professionnelle expérimentée ne portait plus le masque de son appareil respiratoire isolant (ARI) au moment où elle a été découverte inanimée dans la mousse ?Le fonctionnement de l’ARI a-t-il été mis à mal par la mousse du système anti-incendie, provoquant une suffocation qui aurait alors contraint le major à retirer son masque ? A-t-elle inhalé d’éventuelles émanations toxiques, de la mousse ayant provoqué une perte de connaissance ou a-t-elle été terrassée par un accident cardiaque ?
Elle et le binôme progressaient à tâtons dans les locaux. Conformément à la procédure, il semble que tous les trois étaient reliés par une corde (la liaison personnelle, dans le jargon) fixée à chaque sapeur par un mousqueton à ressort. Comment cette ligne de vie a-t-elle pu se désolidariser de la victime ? L’ensemble du matériel a été saisi pour expertise. Le parquet de Nancy devrait ouvrir une information judiciaire pour tenter de lever ces mystères.
SeVeal Ludres compte parmi les 23 sites classés Seveso II en Lorraine. Installée depuis 1999 dans le Dynapôle de Ludres, rue Paul-Sabatier, l’entreprise était auparavant installée à Heillecourt sous le nom de SANE, son ancienne dénomination. Les locaux et ses stocks avaient été totalement ravagés par un gigantesque incendie, le 6 août 1996.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/05/03/un-drame-et-des-questions
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