jeudi 31 mai 2012

Accident mortel de Sadirac (33) : "il ne faut pas oublier Kris"

Ils étaient 17, hier après-midi, dans la salle des pas perdus du tribunal de grande instance de Bordeaux, à avoir revêtu le même T-shirt à la mémoire de Kris. Parce qu'elle avait 17 ans le jour où elle est morte, le 14 janvier 2010, à Sadirac, sur le CD 14. Elle venait de descendre du bus et rentrait chez elle, à quelques centaines de mètres. La nuit était tombée et il pleuvait. Le chauffeur du fourgon qui survenait au même moment est un artisan qui rentrait lui aussi chez lui à l'issue d'une journée de travail.
Hier, à la barre du tribunal correctionnel, présidé par Frédérique Gayssot, le chauffeur du fourgon a assuré avoir été ébloui par des voitures venant en sens inverse puis avoir été tétanisé lorsqu'il a senti un choc et vu un corps passer par-dessus son véhicule.

« J'étais tétanisé »
La présidente l'a longuement questionné sur ce qui s'était passé dans les minutes qui ont suivi le drame. « J'étais tétanisé, j'ai crié, j'ai appelé ma femme pour qu'elle vienne tout de suite. »
Mais il ne s'était pas immédiatement arrêté et n'était revenu sur place qu'une quarantaine de minutes plus tard pour être interpellé par les gendarmes.
Ce qui lui a valu d'être poursuivi pour homicide involontaire et pour délit de fuite. Pour conduite sous l'empire d'un état alcoolique aussi. L'analyse de sang a fait apparaître un taux de 2,30 g par litre.
« C'était le début de l'année. Avec un collègue artisan, on a fait notre repas annuel. Habituellement, on mange à la gamelle sur les chantiers. Ce jour-là, on a bu deux apéritifs, deux bières et du vin. » Mais l'homme maintient qu'après 14 h 30 il n'avait rien bu.
Son avocat, Me Ferrand, a également défendu que les conditions de circulation ce soir-là étaient mauvaises et que la jeune fille était habillée de noir avec des écouteurs sur les oreilles.
L'intention de fuite
On a senti, à ce moment-là, une certaine tension dans la salle d'audience. On arrivait au terme du procès, et jusque-là les nombreux proches de la jeune fille, avec ou sans T-shirt, n'avaient rien manifesté, laissant le soin à leurs avocates respectives, Me Sylvie Robert pour la mère et Me Pauline Soubrié pour le père, d'exprimer la douleur que, deux ans après, ils ressentent encore. « Il ne faut pas oublier Kris, déclarait Me Robert. C'est le message que veulent faire passer ses parents et ses proches. Elle était un rayon de soleil. »
Pour le vice-procureur Frédéric Clot, cet accident s'est déroulé dans des circonstances qualifiées de très particulières. « Ce qui avait conduit le parquet à ouvrir une information judiciaire deux jours plus tard », rappelait-il en soulignant que le prévenu avait collaboré avec les enquêteurs, « mais quarante minutes après l'accident » : « Que s'est-il passé entre-temps ? »
Selon le représentant du parquet, il ne fait pas de doute qu'il y a eu une intention de fuite. Ce que conteste fermement Me Ferrand. Mais pour Frédéric Clot, qui reprenait l'alcoolémie de 2,30 g, « l'état de conscience dans lequel il se trouvait faisait de son camion une arme projetée sur la route ».
Il a demandé l'annulation du permis de conduire de l'artisan et deux ans de prison, une durée susceptible d'être aménagée.
Le jugement est mis en délibéré jusqu'au 13 juin.

http://www.sudouest.fr/2012/05/31/ne-pas-oublier-kris-729619-2780.php

Aucun commentaire: