Jean-Nérée Ronfort est tombé dans un guet-apens. Le célèbre expert en art de 69 ans, découvert gisant, le crâne fracassé, le 4 avril, dans son bureau de la rue La Fayette (IXe) a été victime de trois jeunes prostitués roumains qui n’ont pas hésité à le tuer pour un portefeuille, un téléphone portable et quelques montres de valeur. Agés de 20, 21 et 25 ans, ils ont été déférés lundi après-midi au parquet de Paris et placés en détention provisoire.
En quelques jours seulement, les enquêteurs de la brigade criminelle sont parvenus à remonter, samedi, le fil de la nuit du drame, qui les a menés porte Dauphine, haut lieu de la prostitution masculine, où Jean-Nérée Ronfort semblait avoir ses habitudes. Le soir du 3 avril, l’expert en art quitte donc l’appartement jouxtant son bureau pour aller rencontrer l’un des trois jeunes Roumains. Il laisse seul chez eux son compagnon de toujours, Jean-Dominique, historien de 60 ans.
Un prostitué roumain l’a piégé avec deux complices
Rapidement, Jean-Nérée Ronfort et sa conquête d’un soir reviennent rue La Fayette et gagnent le bureau de la SCP, au troisième étage de ce bel immeuble haussmannien. Mais les deux hommes ne restent pas seuls bien longtemps : deux jeunes prostitués, complices présumés du premier, font à leur tour leur entrée dans la pièce. Que se passe-t-il précisément dans le bureau? Une chose est certaine, Jean-Nérée Ronfort est frappé à la tête avec un objet lourd et laissé pour mort, le visage ensanglanté, tandis que ses agresseurs prennent la fuite.
C’est son compagnon, s’étonnant de ne pas le voir dans leur appartement le lendemain matin, qui poussera la porte du bureau et découvrira l’expert en art plongé dans un profond coma. Immédiatement transporté à l’hôpital Lariboisière dans un état désespéré, le malheureux n’a pas survécu aux terribles blessures qui lui ont été infligées : il est décédé au cours de la nuit suivante, sans avoir repris conscience.
Ce grand spécialiste des meubles anciens, qui partageait avec Jean-Dominique sa passion pour l’ébéniste André-Charles Boulle, avait précédemment été cambriolé, en avril 2011. Au cours d’un week-end, le bureau de la SCP avait été visité par des connaisseurs qui étaient repartis avec des œuvres d’art estimées à près de 350000 €. Fait l’an dernier chevalier de la Légion d’honneur, Jean-Nérée Ronfort, estimé par ses pairs pour sa culture abyssale, son élégance et son humour, avait publié, un ouvrage intitulé « André-Charles Boulle, 1642-1732 : un nouveau style pour l’Europe », préfacé par Nicolas Sarkozy.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/paris-la-mort-tragique-de-l-expert-en-antiquites-elucidee-11-04-2012-1949594.php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire