mercredi 28 mars 2012

Allergique, elle décède après une perfusion de pénicilline

Comment peut-on encore aujourd’hui, dans un service d’un hôpital, administrer un antibiotique auquel une personne est allergique, alors que cette contre-indication est mentionnée en toutes lettres dans son dossier médical? C’est toute la question que pose le décès de Lydia Cohen, 72 ans, le 20 novembre 2011 à l’hôpital de Versailles (Yvelines). Selon nos informations, une plainte pour « homicide involontaire » vient d’être déposée par la famille de la patiente contre le centre hospitalier de Versailles André-Mignot et contre le médecin qui a prescrit ce traitement.

L’avocat des plaignants, Philippe Courtois, indique que « l’erreur est humaine, mais celle-ci est particulièrement grossière. L’allergie à la pénicilline est maintes fois mentionnée dans le dossier médical, or on lui a injecté ce produit! C’est aberrant de voir encore de nos jours une telle faute. Cela démontre un dysfonctionnement grave de l’équipe qui l’a prise en charge ». Le directeur de l’hôpital de Versailles, Olivier Colin, nous livre sa version des faits : « Je ne me prononce pas sur les données médicales. En l’état, nous ne sommes pas au courant d’une démarche judiciaire. Ce que nous savons, c’est que notre service de réclamation a reçu une demande de la famille de communication du dossier médical, ce qui a été fait. Nous ne confirmons pas en l’état l’erreur médicale, mais, dans ce dossier, nous cherchons à savoir s’il y a eu d’éventuels dysfonctionnements. »

Elle était sur le point de sortir

La famille de Lydia Cohen, dossier en main, dispose d’éléments troublants. La patiente a été admise le 5 octobre à la suite d’une insuffisance cardiaque, et il a été décidé de lui poser un pacemaker. L’opération a eu lieu avec succès et les suites opératoires ne font état d’aucune complication. Au bout d’une dizaine de jours, son état s’améliorant, il a été décidé qu’elle devait sortir prochainement. Elle a toutefois développé une infection urinaire qui a nécessité l’administration d’un traitement. « C’est le 13 novembre à 17 heures que l’erreur s’est produite. Alors que dans le dossier médical de ma mère il était marqué à de nombreuses reprises qu’elle était allergique à la pénicilline, et qu’elle avait déjà fait des œdèmes de Quincke, une infirmière, sur prescription d’un médecin, lui a fait une injection d’Amoxicilline, un médicament de la même classe thérapeutique et dont la contre-indication est absolue sur ce type de patients », explique Carole Cohen, sa fille. « Quelques minutes après, Mme Cohen a fait un choc allergique entraînant un arrêt cardiaque », indique l’avocat Philippe Courtois, en s’appuyant sur le dossier médical.

Elle est transférée en réanimation en urgence. Mais, malgré les soins apportés, elle ne pourra être sauvée. « Lorsque nous avons discuté ensuite avec des médecins du service de réanimation, ils nous ont dit qu’ils ne comprenaient pas pourquoi cet antibiotique lui avait été administré dans un autre service », ajoute le fils de la défunte, Bernard Cohen. « Maman est morte à la suite d’une erreur médicale », assure Carole Cohen.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/allergique-elle-decede-apres-une-perfusion-de-penicilline-28-03-2012-1928003.php

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