Vitesse et alcool
Sur les faits toutes les parties sont d'accord. Il faut dire que l'événement a fait l'objet d'une longue et minutieuse instruction, émaillée de moult expertises et interrogatoires. Ce soir-là, les quatre amis décident de manière impromptue de quitter le lieu de leur réunion bien arrosée, à Saint-Amans-des-Cots, sur le coup de 1 heure du matin, pour rejoindre un bal à Saint-Rémy. Le jeune prévenu convoie alors la petite troupe à bord de sa Renault Clio 16 s, une voiture qui développe 137 chevaux sous le capot.À Soulages-Bonneval, c'est le drame. Pour une raison indéterminée, le jeune conducteur perd le contrôle de son véhicule, vient riper une clôture sur plusieurs dizaines de mètres dans un virage à gauche, et percute un chêne de 40 cm de circonférence, qui sera déraciné. Sous la violence du choc, le véhicule a été coupé en deux.
D'après les experts et les constatations, le conducteur roulait entre 150 et 160 km/h et n'a pas freiné à un seul instant. Lors du ripage, la vitesse est descendue à 90 km/h. L'issue, on la connaît : les trois passagers, meilleurs copains du conducteur, sont tous morts à 20 ans des suites de leurs blessures. L'alcoolémie révélera à 5 heures du matin un taux de 1,07 g par litre de sang, soit environ 1,40 g au moment des faits.
Mutisme et amnésie
Face au président Anselmi, qui décrit les faits, le prévenu garde le silence ou presque, prononçant parfois des bribes de phrases à peine audibles. « Je ne me souviens plus », susurre-t-il. Les experts confirment une amnésie possible soit consécutivement au traumatisme crânien dont il a été victime, soit par mécanisme inconscient de protection par rapport à un sentiment de culpabilité. Le prévenu est décrit par les psys comme ayant, à la suite de l'accident, une estime de soi altérée, un sentiment de culpabilité, un abattement psychologique et un état globalement dépressif.Le pardon de deux familles
Une seule des trois familles de victimes s'est portée partie civile, les deux autres ayant signifié au président par courrier leur démarche de pardon. Pour l'avocate de la partie civile justement, « nous sommes face à trois familles détruites et un homme qui va, très jeune, porter la responsabilité de trois morts. » L'avocate poursuit : « on attendait une réaction ; on regrette un tel retrait du prévenu. Nous attendons une peine qui donne du sens. »Le ministère public, Yves Gallego, a livré un réquisitoire dur. « Il n'y avait pas de hasard, pas de fatalité, et il n'y a pas non plus de circonstances atténuantes : il est seul responsable. Je requiers 18 mois de prison ferme, une annulation du permis avec interdiction de le repasser durant un an, et une amende de 500 €. »
La partie s'est avérée difficile pour une défense qui a fait profil bas. « Le prévenu est déjà emprisonné dans la culpabilité de ce qu'il qualifie lui-même comme un meurtre monstrueux. Mais je reste persuadée qu'alcool et vitesse ne cadrent pas avec le comportement habituel de conducteur de mon client. » L'avocate du jeune conducteur a plaidé une peine d'emprisonnement avec aménagements.
Le jugement a été mis en délibéré au 21 mars.
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