mercredi 29 février 2012

Dordogne : le nouveau-né a été noyé par sa mère

Les murs du Palace, à Périgueux ont déjà été le théâtre de tragédies. Mais pas de pièce en cinq actes cette fois-ci. Depuis hier, c'est un drame bien réel que doit juger la cour d'assises de la Dordogne, exceptionnellement installée en ce lieu le temps des travaux de rénovation du palais de justice.
La cour et ses désormais six jurés en première instance, seront amenés à se prononcer ce soir sur la culpabilité ou non de Cécile L., une Sarladaise de 26 ans, sous curatelle, accusée d'avoir tué son bébé après avoir accouché seule à son domicile, et de s'être débarrassée du corps en le jetant dans un bac à ordures en novembre 2007.

Fragile psychologiquement, l'accusée, une petite femme brune à l'épaisse chevelure, comparaît libre, installée aux côtés de son avocate Me Emmanuelle Arcis-Fayat. Submergée par l'émotion depuis l'ouverture de son procès, l'accusée parle peu et donne des bribes de réponses, entre deux reniflements, en chiffonnant ses mouchoirs de papier.
Stopper les pleurs de bébé
Que s'est-il passé le 7 novembre 2007 dans l'appartement de Cécile ? Seule cette dernière le sait vraiment, et la vérité doit se situer quelque part entre les quatre versions qu'elle a relatées de cet accouchement et les analyses des experts.
Une chose est sûre, Cécile, qui affirme qu'elle ne savait pas qu'elle était enceinte, a donné naissance à un bébé dans son appartement ce matin-là. Quand les gendarmes ont perquisitionné son domicile, huit jours après, ils ont découvert sur le balcon, dans un sac jaune de tri sélectif, un placenta en putréfaction mais aussi des vêtements souillés de sang et des toilettes bouchées par différentes matières organiques.
En revanche, aucune trace du bébé, ni du cordon ombilical (lire l'encadré). Dans son agenda, à la date du 7, la jeune femme a écrit « J'ai accouché d'une fille à 10 h 10 ».
Hier, Cécile a affirmé à la cour qu'elle avait mis au monde une fillette qui s'était mise à pleurer. Elle a alors paniqué. Pris le nourrisson, l'a noyé dans la baignoire puis à mis le corps dans un sac jaune. Elle s'est ensuite débarrassée de l'enfant en le jetant dans une poubelle, en traversant sa résidence, de nuit.
Une version que l'accusée semble vouloir désormais maintenir après avoir raconté aux enquêteurs avoir accouché dans les bois, puis sous X à l'hôpital de Sarlat, ou encore avoir été délivrée avec l'aide de ses parents qui auraient fait adopter le bébé.
Bien qu'elle notât la date de ses règles sur un calendrier et avait remarqué qu'elle ne les avait plus, elle maintient qu'elle ne pensait pas être enceinte. D'autres témoins disent qu'elle aurait parlé de cette grossesse à des proches. Aucun vêtement, ni équipement en vue de l'arrivée d'un bébé n'ont été découverts au domicile, et tous les témoins ont répété qu'ils n'avaient pas deviné cette grossesse.
« Je regrette. C'est à cause de mon père. J'avais peur qu'il me fâche, qu'il me tape. J'étais pas prête à avoir un enfant. J'étais pas dans mon état normal, c'est pour ça que j'ai tué mon bébé », explique la jeune femme, qui a l'âge mental d'une enfant d'une dizaine d'années et ne semble pas comprendre par moments l'horreur de son geste.
Des incohérences
Avec une incroyable naïveté, elle affirme à la présidente Katell Couhé qu'elle n'a pas ressenti de douleurs à l'accouchement, qu'elle s'est levée de son lit et que le bébé est tombé sur le sol. Toujours aussi sûre d'elle, elle répète qu'elle n'a pas coupé le cordon ombilical du nourrisson, mais maintient avoir noyé l'enfant avant d'expulser le placenta, un scénario bien extravagant. Cependant, les experts sont formels : un objet tranchant a sectionné le cordon du placenta.
La personnalité de Cécile sera exposée ce matin avec les dépositions des experts psychologues. Certains témoins l'ont décrite comme une jeune femme « en souffrance », élevée dans un contexte familial carencé. Elle a été placée en famille d'accueil dès 12 ans, puis a fait l'objet d'une mesure de curatelle.
« Timide », « influençable » et « parfois incohérente », beaucoup lui reprochent de fabuler et de porter de fausses accusations, comme son ex-compagnon.
Mais ce sont ses deux curateurs successifs qui ont apporté hier l'éclairage le plus intéressant sur l'accusée. « Cécile n'était pas dans l'être mais dans le paraître. Elle occultait la réalité, note son premier curateur. Je me suis toujours demandé si elle était seule. Au regard de son niveau intellectuel, je pense qu'elle n'était pas assez organisée et il a fallu lui faire un dessin pour lui expliquer le cordon et le placenta pendant la reconstitution. » Quelques minutes plus tard, c'est sa seconde curatrice qui lance quasiment la même interrogation. « Je n'ai pas compris comment Cécile avait pu accoucher seule, paniquer et ensuite tout si bien ranger et nettoyer dans l'appartement. »
Autant de zones d'ombres et d'incohérences que devrait soulever aujourd'hui la défense de Cécile L, qui, pourtant à fleur de peau, maintient qu'elle a tué son bébé et qu'elle regrette son geste
http://www.sudouest.fr/2012/02/29/le-nouveau-ne-a-ete-noye-par-sa-mere-645963-1980.php

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Immondice et dépravation, voilà l'image que nous offre cette femme.