Six frères ont déposé plainte suite à un reportage diffusé sur la chaîne Direct 8. Ils ont reconnu leur mère défunte et disent ne jamais avoir été avertis du tournage.
Le 6 juin 2011, une dame de 60 ans décède à son domicile, une maison située dans un petit village entre Amiens et Péronne. C'est l'un de ses fils qui fait la funeste découverte. Le médecin, qui examine le corps, n'est pas sûr des causes de la mort. Il refuse donc de délivrer le permis d'inhumer, la procédure classique s'enclenche: le relais est pris par un médecin légiste. Celui qui arrive sur les lieux est suivi ce jour-là par un journaliste. L'enquête établira que la cause de la mort de la dame est naturelle. Mais la diffusion du reportage en septembre a fait bondir la famille de la sexagénaire.
Ce 19septembre, l'un des six fils de la défunte regarde tranquillement la télévision. Au programme: l'émission «Quartier général», sur la chaîne Direct 8, avec pour titre : «Les médecins légistes font l'enquête». Le documentaire est intéressant. Il décortique le travail de ces professionnels, souvent dans l'ombre, dont les conclusions sont déterminantes après la découverte d'un corps.
Le quadragénaire a alors la grosse surprise de reconnaître la chambre de sa mère: ses bibelots, son chat, ses meubles... À plusieurs reprises, on distingue le corps de la défunte. Sa main avec son alliance est filmée en gros plan, de même que les hématomes qu'elle présente sur le corps (la sexagénaire, malade, est décédée suite à une chute).
Le fils dépose plainte dès le lendemain à la gendarmerie. «Dans la soirée est arrivé le médecin légiste qui était accompagné d'une demoiselle avec un petit appareil. Elle s'est fait passer pour l'assistante du médecin légiste. À aucun moment il ne m'a été dit, ou à mes frères, qu'elle était journaliste et qu'elle enregistrait pour faire un reportage», dit-il aux militaires.
«Les gens qui connaissent la maison de mes parents reconnaissent forcément ma mère. On voit le porche, même la maison des voisins! ajoutent Jean-Pierre et Arnaud. Nous avons déposé plainte car nous voulons savoir qui a donné les autorisations.»
«Toutes les autorisations nécessaires ont été obtenues»
Leur avocat, Me Stéphane Diboundje, explique que si cette autorisation avait été donnée par la famille, «il n'y aurait pas eu de problème». Pour lui, si les personnes averties regardant ce reportage, et qui reconnaissent la défunte, comprendront aisément qu'elle est décédée de mort naturelle, «il subsistera toujours un doute dans la tête de certains». C'est, selon lui, en cela que les frères ont subi un préjudice, en plus, bien sûr, du choc de la découverte des images. «Si l'enquête n'avance pas, je n'exclus pas de déposer plainte auprès du procureur de la République», avertit l'avocat.
Le conseil de l'ordre des médecins, saisi, a estimé qu'aucune faute n'avait été commise. « Toutes les autorisations ont été obtenues pour ce reportage! insiste Olivier Jardé, chef du service de médecine légale de l'hôpital d'Amiens. J'ai assisté à certaines scènes du tournage, ils se présentaient bien à chaque fois comme journalistes, il faut être très clair .» Pour lui, «il se peut que, compte-tenu du climat très particulier qu'est celui d'une mort violente, ils (N.D.L.R.: les fils) n'aient pas bien compris» qu'un journaliste était là pour filmer.
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Ils-voient-le-corps-de-leur-mere-a-la-tele
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