mardi 13 décembre 2011

Ils veulent comprendre comment leur fils s’est suicidé aux urgences

Avec une infinie pudeur, Marie-Christine et Dominique Blondel parlent de leur fils, qui s’est à l’âge de 41 ans. Plus que des mots, ce sont des photos assemblées au-dessus de la cheminée qui le font revivre. Sébastien est décédé en se jetant d’une fenêtre des urgences de l’hôpital de Creil le 11 août 2010.
Deux heures plus tôt, il avait été transporté par le Samu dans cette unité, après avoir tenté de mettre fin à ses jours à son domicile, à Précy-sur-Oise. « La de Sébastien est un accident horrible survenu à cause de la négligence du service hospitalier; elle pouvait et elle devait être évitée », écrit cette semaine la famille dans une lettre, qui ressemble à une bouteille lancée à la mer.

Les parents et le frère de la victime, Romain, ont adressé le 5 décembre ce courrier au ministre de la
, Xavier Bertrand, ainsi qu’à dix-sept autres interlocuteurs (instances officielles, élus et associations). Un an et demi après les faits, la famille estime en effet n’avoir eu aucune réponse et reste aujourd’hui dans une totale incompréhension. Le parquet de Senlis avait classé l’affaire sans suite en septembre 2010.

L’hôpital de Creil doit prendre conscience de la gravité des faits, juge Marie-Christine. Il n’y a eu aucune prise en charge adaptée alors que mon fils venait de faire une tentative de suicide. Il s’était blessé à la tête en sautant du premier étage de chez lui. Le Samu a pris mille précautions pour le transporter, alors qu’à l’hôpital le personnel médical l’a laissé errer dans les couloirs. » La famille s’interroge sur la suffisance des moyens aux urgences de Creil, régulièrement débordées par l’afflux de malades.

Arrivée vers 17 heures dans cette unité, la victime a attendu dans une zone de passage, à proximité de la salle des sutures, pendant plus de deux heures. L’homme apparaît calme mais se lève à plusieurs reprises. « Durant ce temps, il n’a reçu aucun soin pour ses blessures et n’a pas été accompagné sur le plan psychologique alors que sa détresse l’exigeait », indique l’avocat de la famille, Me Thavard. Vers 19 heures, Sébastien entre dans une salle de repos où se trouve du personnel, se dirige vers une fenêtre ouverte et se jette cinq mètres plus bas. L’alerte est donnée par une patiente qui, depuis sa chambre, voit tomber un corps dans le vide.

Les proches ont aussi saisi l’hôpital la semaine dernière d’une demande d’indemnisation. L’établissement a deux mois pour se prononcer. Les proches réfléchissent également à déposer plainte au pénal. Une enquête interne a été menée et, au lendemain du drame, la sécurité des fenêtres avait été revue.

« Ce drame a été d’une totale inhumanité du début à la fin, confie Marie-Christine. Quand nous nous sommes rendus aux urgences, après la mort de notre fils, un médecin nous a juste dit qu’il ne pouvait pas attacher tous les patients. Ensuite, l’hôpital n’a jamais pris le temps de prendre contact avec nous.


http://www.leparisien.fr/oise-60/ils-veulent-comprendre-comment-leur-fils-s-est-suicide-aux-urgences-12-12-2011-1764827.php

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