dimanche 11 décembre 2011

Drame du TER : le dernier hommage à David Gutty et à sa famille

Hier matin, un profond silence s’est abattu sur la petite commune de Bagnols, dans le Beaujolais. Depuis le petit parking improvisé sur un champ, en contrebas du bourg, un flot discontinu de proches ou d’anonymes, remontait vers l’église Saint-Blaise, pour accompagner la famille de David Gutty, dans sa douleur.
Dimanche 4 décembre, ce pompier professionnel et ses trois jeunes enfants ont trouvé la mort, au Breuil, percutés par un TER, dans des circonstances incompréhensibles.
« Quand une famille disparaît, comme ça, c’est l’anéantissement total, l’horreur », lançait, très ému, le maire de la commune François Godde. Alors, hier, ils étaient tous là, unis, dans le chagrin et la dignité.
Dans ce village où la famille de David était et est toujours très investie, ils se sont tous mobilisés, qui pour organiser le stationnement des centaines de voitures, qui pour assurer la circulation. « Autant de petits gestes pour éviter les tracas matériels à la famille », souligne l’édile. Massées dans et toute autour de la petite église en pierres dorées, près d’un millier de personnes étaient là.
Et tout le long de la rue qui remonte vers le cimetière, des pompiers du Rhône, en uniforme, comme un seul homme, ont voulu rendre un dernier hommage à leur camarade.
« Les pompiers, c’est une grande famille », déclarait, dans son discours, le chef du Sdis du Rhône, le colonel Delaigue, avant de revenir sur la carrière exemplaire de David Gutty. Une carrière qu’il avait embrassée, en 1995, au moment de son service national. Et de souligner ses qualités humaines, son professionnalisme. « Alors que Laura (la maman), lutte toujours contre la mort, toutes nos pensées vont vers vous », concluait-il, la voix brisée par l’émotion.
En 2009, alors devenu capitaine, David avait entamé un autre combat, contre la maladie, et il l’avait vaincue. « Lui qui était un grand lecteur, il avait lu notamment L’« Illiade », il s’était alors un peu plus tourné vers la spiritualité », se souvient Audrey, une proche qui a pris la parole pour la famille.
« Il aimait les gens, il détestait la bêtise. Avec de grands gestes, il nous racontait souvent ses voyages, et on se croyait, soudainement, sur un marché de Mauritanie », poursuivait-elle.
Et de se souvenir de « Maxime, 7 ans, toujours plein de vie, qui était malheureux, lorsqu’il ne pouvait pas sortir pour jouer avec son chien. Ou de Jeanne, 5 ans, qui préférait de loin le rugby aux poupées. Et de William, 3 mois à peine, dont la naissance « avait été comme une renaissance pour la famille. La fatalité nous les a malheureusement arrachés à tout jamais », dit-elle encore.
À la sortie de l’église, comme un paravent symbolique, les pompiers du Rhône ont fait une haie d’honneur à leur camarade et à ses trois enfants. Masquant aux yeux du monde, l’horreur de ces cercueils bien trop petits.
Près d’une semaine après les faits, l’enquête sur les circonstances du tragique accident du Breuil se poursuit.
Qu’est-ce qui a poussé David Gutty à quitter la départementale, cette fin de journée-là ?
Pourquoi avoir effectué une marche arrière sur ce passage à niveau non-protégé ? Qu’est-ce qui l’a empêché de se sortir des rails avant d’être percuté de plein fouet par un TER circulant à vide ? Une mauvaise manœuvre ? Une panne technique ?
C’est à présent vers les conclusions des experts, qui ont examiné l’Opel Zafira, que tous se tournent en espérant obtenir les premiers éléments de réponse.
« Incompréhensible », c’est le mot qui revenait beaucoup, hier, aux lèvres des personnes venues assister aux funérailles.
http://www.leprogres.fr/rhone/2011/12/11/drame-du-ter-le-dernier-hommage-a-david-gutty-et-a-sa-famille

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