mardi 6 décembre 2011

Après l’insoutenable drame du TER l’émotion et l’incompréhension

Beaujolais. Les habitants de la petite commune de Létra et ceux de Bagnols, la commune voisine, étaient hier « sonnés » par la terrible nouvelle. A l’école primaire, où étaient scolarisées deux des trois petites victimes, une cellule psychologique a été mise en place.
La maison semble attendre ses occupants. Elle surplombe le tranquille hameau du « Philippe », situé juste à l’entrée de Létra, cette jolie petite commune des Pierres Dorées, au cœur du Beaujolais. Un petit vélo violet d’enfant est encore adossé au mur, près d’un 4X4 gris. Derrière la barrière, un gros chien jappe, près d’un tas de bois fraîchement rentré. Il attend le retour de ses maîtres. Le petit vent du matin, fait légèrement grincer la balançoire située près de la piscine ronde. C’est la maison de David, Laura Gutty et de leurs trois enfants, Maxime, 7 ans, Jeanne, 5 ans et William, âgés de quelques mois. Ils ne rentreront plus chez eux; le temps semble suspendu dans ce hameau où tout le monde se connaît.
Dimanche soir, David et ses trois enfants ont trouvé la mort dans un terrible accident, au Breuil. Son épouse, Laura, 32 ans, a été très grièvement blessée. Elle a été conduite dans le coma à l’hôpital de Villefranche. Hier, son état était jugé stationnaire, mais les médecins n’ont pas souhaité se prononcer sur son pronostic vital. Quelques minutes après cette tragédie, la municipalité de Létra a appris l’identité des victimes. David était capitaine des pompiers à Saint-Priest, mais également pompier volontaire dans le petit centre de secours de la commune. Son épouse, Laura, infirmière libérale. « Ce fut le choc que vous imaginez » nous confiait hier, Serge Gabardo, le maire de Létra. Ce sont les pompiers qui sont allés, eux-mêmes, prévenir les familles des victimes qui résident à Bagnols, une commune voisine.
« Le ciel nous est tombé sur la tête. Nous connaissons bien la famille de David qui est fort appréciée dans notre village de 800 habitants. Vous savez, ici, tout le monde se connaît. Le grand-père de David a été maire de Bagnols durant trois mandats. Il n’existe pas de mots pour vous dire ce que nous ressentons. Dimanche soir, nous avons assisté les familles avec nos petits moyens. J’ai une pensée spéciale pour l’arrière-grand-mère de David qui a 90 ans », a déclaré François Godde, maire de Bagnols, visiblement très éprouvé.
Hier matin, tous les élèves de l’école Albert-Jacquard de Létra ont été pris en charge par une cellule spécialisée composée d’un psychologue et du médecin scolaire. C’est dans cette école qu’étaient scolarisés Maxime et Jeanne. « Nous avons mis en place des temps d’écoute qui s’adressent aux enfants mais aussi aux parents qui le souhaitent », explique Catherine Aduayom, l’inspectrice de l’éducation nationale qui est venue aider la direction de l’école à faire face à ce drame. « Les enseignants sont également très choqués » ajoute une institutrice.
Depuis l’annonce de la tragédie, tout l’établissement scolaire fait bloc. « Nous souhaitons surtout protéger les enfants », précisé l’inspectrice. Dans le Hameau « du Philippe », Nathalie Négri, la plus proche voisine de la famille n’arrive toujours pas à réaliser. Devant chez elle, elle fixe la maison des victimes. « C’est complètement irréel ! ». Son fils, Théo, ne la quitte pas. « Je n’ai pas voulu qu’il se rende à l’école ce matin, je voulais le garder avec moi », s’excuse presque cette jeune mère. Il y a peu de temps encore, elle se trouvait chez David et Laura pour fêter la naissance du petit dernier. « On avait bu du champagne », explique-t-elle en fixant, le petit vélo violet. Oui, le temps s’est arrêté à Létra et quand il reprendra sa course, rien ne sera plus pareil.
http://www.leprogres.fr/rhone/2011/12/06/apres-l-insoutenable-drame-du-ter-l-emotion-et-l-incomprehension

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