Les plus démunis accèdent de plus en plus difficilement aux soins, du fait de politiques publiques "plus sécuritaires que sociales", dénonce Médecins du Monde (MdM) dans son rapport annuel, s'inquiétant du retard mis par un nombre grandissant de patients à se faire soigner. [Le rapport complet]
Selon ce baromètre de l'accès aux soins publié avant la Journée mondiale de la misère le 17 octobre, entre 2008 et 2010, les consultations médicales dans les 20 centres de soins de Médecins du Monde (MdM) en France ont augmenté de 10 % pour atteindre 38.606 consultations en 2010.
8 % des femmes enceintes suivies vivent dans la rue
Près de 12 % des patients reçus en 2010 par MdM étaient des mineurs, dont la moitié avait moins de 7 ans et un tiers seulement était suivi par les services de Protection maternelle et infantile (PMI). Par ailleurs, 8 % des femmes enceintes suivies par l'ONG vivent dans la rue et plus de la moitié présentent un retard de suivi de grossesse.
"Il y a un décrochage très net sur le plan sanitaire, déplore le Dr Olivier Bernard, président de Médecins du Monde. Jusqu'à présent, nos filets de protection sociale en France faisaient que quelque soit leur situation économique et administrative, les enfants et les femmes enceintes étaient pris en charge par les dispositifs, sur les plans sanitaire et social", souligne-t-il.
Des consultations tardives
Autre chiffre "préoccupant" selon lui, un quart des patients (24 %) est venu se soigner trop tardivement et 45 % des consultations nécessiteraient un suivi d'au moins six mois, notamment pour des cas de diabète, asthme, hypertension artérielle, troubles psychiques, etc. "Ces retards sont préjudiciables au niveau individuel en raison des complications possibles pour le malade; à l'échelle collective, en cas de maladies infectieuses, et au niveau économique, car le coût pour la société est bien supérieur", explique le Dr Bernard. "Ils retardent leurs soins, parce que c'est compliqué d'ouvrir des droits quand on ne parle pas la langue", indique Jean-François Corty, directeur des missions France. 95 % des personnes accueillies dans les centres sont, en effet, étrangères.
De plus, "ces populations, qui vivent pour la quasi-totalité sous le seuil de pauvreté, n'ont pas la capacité de payer le ticket d'entrée de 30 €" obligatoire, depuis 2010, pour bénéficier de l'aide médicale d'Etat, destinée aux étrangers en situation irrégulière.
Seuls 23 % des patients ont un logement stable
Dans son rapport, MDM met en cause, "certes, la crise économique", mais aussi "les politiques publiques" de sécurité et d'immigration qui "ciblent les populations marginales" pour les expulser, "rendent plus difficile l'accès aux soins" et "réduisent l'hébergement d'urgence
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