samedi 10 septembre 2011

Enfant noyé dans les Vosges : la belle-mère face aux jurés

Les jurés de la cour d’assises des Vosges vont devoir se pencher à partir d’aujourd’hui et jusqu’à mardi sur un dossier criminel à la fois complexe et délicat.
Les faits remontent au 17 juillet 2005. Ce jour-là, un enfant de 6 ans, Marc Chapon, est retrouvé noyé dans l’étang de la propriété où il habite avec son père et sa belle-mère dans le village du Beulay, près de Saint-Dié (Vosges). C’est la belle-mère qui a découvert le corps sans vie du garçon dans l’eau et qui a alerté les secours.
Dans un premier temps, la thèse d’une noyade accidentelle a été privilégiée. Mais l’affaire a rebondi avec les résultats d’une expertise toxicologique qui a fait état de la présence d’une forte dose d’un puissant médicament contre l’insomnie, le stilnox, dans le sang du petit Marc.
Qui lui a administré ce somnifère ? Et y a-t-il un rapport entre la prise du médicament et la noyade ? Ces questions ont donné lieu à plusieurs rapports d’experts et devraient alimenter de vifs débats devant la cour d’assises car il subsiste des zones d’ombre.
Pour le juge d’instruction de Saint-Dié qui a mené les investigations, c’est la belle-mère de l’enfant, Michelle Huart, une enseignante d’une quarantaine d’années en disponibilité pour des raisons de santé au moment du drame, qui porterait le poids de la responsabilité de la mort du petit garçon.
La quadragénaire sera donc sur le banc des accusés et elle sera jugée pour « administration d’une substance nuisible ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». La Justice lui reproche d’avoir donné du Stilnox à l’enfant. Ce qui aurait provoqué chez lui un état de somnolence et de faiblesse musculaire qui serait à l’origine de sa noyade.

Défendue par Me Dupont-Moretti

Après avoir tout nié en bloc dans un premier temps, la belle-mère a reconnu avoir donné à trois reprises des somnifères au petit garçon. Une version qui ne colle cependant pas avec les constatations des experts qui estiment que l’enfant a carrément ingéré de « façon massive et régulière » du Stilnox pendant les six mois qui ont précédé sa mort. De plus, toujours selon les experts, il en a avalé moins de trois heures avant sa noyade.

Sa belle-mère conteste totalement lui avoir fourni cette ultime dose qui se serait avérée fatale. Et il ne peut effectivement pas être exclu que le petit garçon se soit servi lui-même en médicaments. Car il savait où se trouvaient les somnifères qui lui avaient été présentés comme des « pilules magiques » permettant de « faire de beaux rêves ». Autre incertitude : on ne sait pas exactement dans quelles circonstances l’enfant s’est retrouvé au bord de l’étang puis dans l’eau.

Cela promet une bataille acharnée entre l’accusation et la défense devant les jurés. D’autant plus que la belle-mère sera assistée par un avocat redoutable et redouté : le tonitruant Me Eric Dupont-Moretti, ténor du barreau de Lille et recordman de France des acquittements. Face à lui, Me Gérard Welzer représentera les intérêts de la mère de l’enfant noyé qui s’est constituée partie civile.
http://www.estrepublicain.fr/fr/a-la-une-aujourdhui/info/5665718-Enfant-noye-dans-les-Vosges-la-belle-mere-face-aux-jures

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