“Ça”, c’est ce drame aussi fulgurant qu’incompréhensible, qui a plongé le village en état de choc, le 20 juin dernier. Midi et demi, fin des cours, un adolescent se précipite sur une fille. Deux coups de poings très violents portés à la tête : Carla, 13 ans, meurt dans les minutes suivantes, à la porte du collège. Derrière ce geste, une rivalité de gamines entre la victime et la sœur de son agresseur, Manon, qui redoublait sa sixième. Une querelle de gamines, pour une amourette, qui s’est envenimée en quelques jours, pour déboucher sur l’impensable, à la veille du denier conseil de classe de l’année.
"Les enfants ne sont pas tranquilles"
Isabelle, parent d’élève "Personne n’imagine d’avoir à vivre ça", reconnaît alors un prof. Dans l’urgence, une cellule d’écoute psychologique est mise en place, pendant plusieurs jours au sein du collège. "C’était important d’offrir aux élèves la possibilité de s’exprimer. Il fallait leur offrir des espaces de parole, afin qu’ils n’emportent pas avec eux pendant ces longs congés d’été des peurs et des angoisses" explique un membre de l’équipe pédagogique. Les élèves ne sont pas les seuls à s’y rendre : des enseignants et des membres du personnel administratif, eux aussi, éprouvent alors le besoin de parler.
Passés l’émotion et le chagrin, la marche blanche et les bouleversantes obsèques de l’adolescente, sont arrivées les vacances et la coupure de l’été.
"On n’en a pas trop parlé depuis en famille, mais ces jours-ci, on voit bien que les enfants ne sont pas tranquilles. Ils disent : “ça va faire drôle de retrouver le collège”. Le mot peur revient souvent. Moi, chaque fois que je passe devant le collège, j’y repense, j’ai ces images qui reviennent" poursuit Isabelle.
"Au moindre incident, on va avoir peur que ça prenne des proportions" souffle Martine, une autre maman. Elle avoue s’être demandée s’il ne vaudrait pas mieux retirer son fils du collège. Et n’exclut pas de le faire en cours d’année. "Je vais attendre de voir comment ça se passe. J’espère que le principal va être beaucoup plus strict. J’ai toujours pensé qu’il y avait trop de laxisme dans ce collège..."
En revanche, bien des parents, interrogés, préfèrent garder le silence. "On ne veut pas remuer le couteau dans la plaie, ni remettre cette affaire sur le devant de la scène" élude Pierre, père d’un élève de troisième. Mais beaucoup reconnaissance hésiter entre plusieurs sentiments : "Il ne faut pas oublier ce qui s’est passé, c’est clair, mais il ne faut pas non plus en faire une psychose."
Oublier ? Impossible, estime Vincent Gaudy, le maire de Florensac. "Ça se dilue un peu avec le temps, mais pour l’élu que je suis, ça me marquera toute la vie." Il prévoit de renforcer la présence de la police municipale aux abords de l’établissement, mais n’oublie pas que Carla a été tuée à deux mètres d’une surveillante, qui n’a rien pu faire pour arrêter l’agresseur.
Mardi matin, les parents sont invités à venir assister à une réunion au collège, tandis que les nouveaux, les sixièmes, feront leurs premiers pas dans l’établissement. Mercredi, ce sera la rentrée des élèves de quatrième, cette classe que Carla ne connaîtra jamais. Début des cours prévu jeudi, pour une année que chacun souhaite banale et routinière.
Reste un dernier facteur d’apaisement : la famille de Gaëtan, l’agresseur de Carla, a quitté Florensac pour s’établir dans une autre région, à des centaines de kilomètres de là. Et le garçon, malgré son jeune âge, est toujours incarcéré.
« Sans nous »
« La rentrée, je sais que je n’y serai pas », lâche Sébastien Figuera, le père de Carla. « Ce collège, je ne peux pas y retourner, et ma femme non plus. » Depuis la mort de leur fille, le couple s’est plutôt replié dans sa maison et sur son chagrin. « Il y a des copines de ma fille qui passent à la maison, pour voir ma femme. Mais on n’a eu aucun contact avec le collège, plus personne ne nous a rappelés. »L’enquête ouverte pour coups mortels contre l’adolescent de 14 ans, qui est toujours écroué, a suivi son cours pendant l’été. « Entre les vacances des uns et des autres, rien n’a bougé », soupire le père de Carla. Les parents espèrent avoir prochainement des nouvelles, via le procureur de Béziers, de la plainte pour non- assistance à personne en danger déposée contre l’établissement scolaire et la gendarmerie. Quant au reste : « On ne va pas vous dire que ça va bien... »
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