Pour une «négligence», un tournevis à récupérer alors que la moissonneuse-batteuse n'est pas à l'arrêt, la vie de Jean-Claude Ferrot, 50 ans, bascule le 26 septembre 2013. Il est seul au milieu de son champ de tournesol quand il lui faut s'arracher le pied droit pris dans une vis sans fin. «C'était ça où passer entièrement dans la machine».
Au comble de la douleur, il trouve la force de rejoindre la cabine pour donner l'alerte. «J'y avais mon téléphone, il m'a sauvé la vie». Vie sauvée aussi affirme-t-il par «ma rage de vivre» qui l'empêchera de sombrer alors qu'il se vide de son sang («plus de 4 litres perdus...») et que les amis qu'il a alertés ainsi que les secours tardent à le localiser, loin de tout, au milieu de sa propriété de 70 hectares.
«On ampute ou on laisse mourir»
Pompiers, membres de la famille, copains, voisins, chacun est remercié pour avoir été l'unSans oublier ce médecin du Samu d'Auch qui a su convaincre «que ça valait le coup» de faire décoller un hélico de Toulouse pour venir chercher le blessé à Montégut. «On ampute ou on laisse mourir».
Au CHU, le frère de Jean-Claude dont personne ne donne cher alors des chances de survie, choisit «la vie». Jean-Claude est amputé à 10 centimètres sous le genou («le docteur Molinier m'a sauvé la vie») et il va survivre.
Hier, c'est en marchant presque normalement qu'il nous a accompagnés entre son domicile et la moissonneuse-batteuse, abritée sous un hangar à 200 mètres de là. Jean-Claude peut aussi à nouveau conduire sa voiture mais toujours pas travailler. Du coup il a perdu son entreprise de travaux publics. Quant à la bonne marche de sa propriété, elle doit encore tout à la solidarité dont font preuve d'autres agriculteurs.
Plus «battant» que jamais, Jean-Claude connu pour son hyper-activité qui fit de lui aussi, dans ses jeunes années, un DJ dans les boîtes de nuit gersoises, refuse de céder à trop de rancœur contre «tout le système» qu'il s'emploie à faire évoluer.
«Quand tu appelles les organismes depuis ton lit de douleur ou ton fauteuil roulant, tu n'es personne, seulement un matricule». Auquel on écrit par exemple, en lui refusant la prise en charge d'une prothèse adaptée à son environnement personnel et professionnel, «avis favorable modifié, sans prise en charge du pied et du mollet car ne figure pas dans la nomenclature».
Jean-Claude Ferrot marche sans cannes aujourd'hui avec une prothèse à 14 000 €, «à remplacer tous les 5 ans». Sans savoir qui, au final, la lui paiera. «On se croit bien couvert et parfaitement bien assuré mais quand l'accident survient...».
http://www.ladepeche.fr/article/2014/10/02/1963643-an-apres-drame-jean-claude-remet-marche.html
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