dimanche 26 juillet 2015

Pas touche aux munitions!

Le nouveau drame de dimanche dernier, à Briquenay dans les Ardennes , vient le rappeler : les munitions, même vieilles d’un siècle, conservent tout leur pouvoir de destruction. Pour avoir voulu bricoler un détonateur qui datait du conflit de 14-18, deux cousins de 18 et 19 ans ont déclenché son explosion. L’un des deux risque de perdre un œil tel, 100 ans après, les gueules cassées. Bruno Schwindenhammer, chef du centre de déminage de la sécurité civile de Châlons-en-Champagne, vient rappeler quelques principes, certes élémentaires, qui peuvent tout simplement sauver des vies…

Danger éternel

« Les munitions la Première   Guerre mondiale que nous retrouvons sont toujours explosives. Il en est de même pour les premières munitions, celles à poudre noire, qui datent de 1880. En remontant plus loin, la poudre noire que contiennent les boulets de canon du XVII e  siècle demeure aussi active si l’étanchéité a été maintenue. 500 ans… »

Sensibilité exacerbée avec le temps

« Au fil du temps, l’explosif se dégrade et devient plus sensible à la chaleur car sa température de fusion s’abaisse. De 90º C, il devient sensible dès 40 ou 50º C. En revanche, en cas de contact avec l’air, les explosifs deviennent inertes ou moins virulents. Mais, encore une fois, si la munition demeure étanche, que ce soit sa charge explosive ou l’éventuelle charge chimique, les propriétés destructrices sont conservées. »

Vulnérable aux chocs

« Il peut suffire de prendre la munition dans les mains pour que son mécanisme d’amorçage se déclenche. C’est très aléatoire. Des cristaux, mélange d’oxygène et d’explosifs, peuvent se créer en cas de fuite et être encore plus sensibles aux chocs. Et puis la décomposition de l’enveloppe de la munition, liée à la corrosion, peut accentuer encore cette sensibilité. »

Réapparition à la surface

« Les labours, la pluie, les phases de gel et dégel, font remonter, comme les cailloux, les munitions dans les champs.
De plus, ceux qui fouillent les sols avec leurs détecteurs de métaux, mettent à jour des munitions et les laissent parfois en surface sans prévenir les autorités ».

Nettoyer les zones rouges ?

« Il est impossible de nettoyer les zones rouges (ces zones de combats intenses en 14-18 où toutes activités furent interdites après la guerre). Pour les débarrasser de toutes munitions, il faudrait des centaines d’années et à un coût faramineux. Quand vous voyez que des terres cultivées depuis des décennies rejettent encore des munitions, vous imaginez la situation sur celles où rien n’a bougé depuis un siècle… »


Que faire en cas de découverte ?

Ne pas toucher, bouger, démonter, perforer les munitions. Installez un balisage discret autour d’elles pour que nous puissions identifier le lieu, sans utiliser de marques voyantes, type fluo. Ensuite, signalez la découverte à la mairie, la police ou la gendarmerie. Eux savent quoi faire pour nous prévenir. Surtout, ne confiez pas cette découverte à des pseudo-spécialistes qui font n’importe quoi parce qu’ils ont lancé trois grenades à plâtre il y a 50 ans lors de leur service militaire et se prennent pour des experts ».

http://www.lunion.com/node/517184

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