lundi 26 janvier 2015

Massif du Queyras : incompréhension après la mort de six skieurs aguerris

Six skieurs du Club alpin français ont été retrouvés morts ce week-end après avoir été emportés dans le massif du Queyras par l'une des avalanches les plus meurtrières de ces dernières années dans les Alpes françaises.
Vingt-quatre heures après avoir retrouvé les corps, secouristes et habitants de la vallée continuent de s'interroger. Comment expliquer les risques pris par la cordée de six skieurs, pourtant expérimentés, dont les corps ont été retrouvés ensevelis sous une avalanche dans le massif du Queyras.
Les quatre hommes et deux femmes, tous français et âgés de 58 à 73 ans, étaient partis samedi matin pour une randonnée à ski, au départ de la petite station isolée de Ceillac (Hautes-Alpes). Ils ont été victimes d'une importante coulée de neige, de 900 mètres de long sur 300 mètres de large, qui s'est déclenchée à leur passage à la mi-journée. Après plusieurs heures de recherches qui ont duré jusqu'au dimanche matin, les corps ont été retrouvés dans le vallon de Bachas, à 2 500 mètres d'altitude.
«Ils ont clairement pris un gros risque en s'engageant dans cette randonnée, malgré l'instabilité du manteau neigeux», estime Sarah Chelpi, capitaine au Peloton de gendarmerie de haute-montagne (PGHM) de Briançon, à qui a été confiée l'enquête chargée de faire la lumière sur les circonstances du drame. La militaire avance l'hypothèse d'un «effet de groupe» ayant pu conduire les randonneurs, pourtant «habitués à évaluer les aléas climatiques», à s'engager tout de même sur cet itinéraire. «Aucun des secouristes du PGHM», pour la plupart des guides de haute montagne, «ne se serait engagé dans cette randonnée», assure-t-elle.
«Ils ont effectivement fait preuve de beaucoup d'imprudence. Ceux qui connaissent bien la montagne ne pourront dire le contraire», abonde Catherine, une habitante du village depuis 35 ans. «Il ne faut jamais l'oublier. Peut-être sont-ils partis trop relâchés du fait de leur expérience et leur connaissance du terrain. Pour l'alpiniste expérimenté, il y a toujours une volonté inconsciente de tester ses limites», ajoute-elle.

Le risque toujours présent

Selon Raphaël Balland, procureur de la République de Gap, il est encore trop tôt pour parler d'imprudence. «L'enquête préliminaire le déterminera». «Ce n'est pas a priori une sortie organisée par un guide ou par le Club alpin français (CAF) mais une sortie entre amis», a précisé le procureur.
«C'est un dramatique concours de circonstances. Les sols n'étaient pas préparés à accueillir autant de neige», analyse de son côté Pierre, 61 ans.
Cet ami proche de l'une des victimes, habitant d'une commune voisine, s'est rendu avec son épouse sur les lieux du drame. Tous deux réfutent l'hypothèse de l'imprudence. «Carole était quelqu'un de réfléchie. Elle préparait toujours ses sorties», assure Pierre.
La préfecture a mis en place une cellule d'urgence médico-psychologique pour les familles, qui ont rejoint la chapelle ardente installée en marge du village, où les corps ont été rapatriés un à un, avant d'être déplacés vers un établissement funéraire à Embrun.

http://www.ladepeche.fr/article/2015/01/26/2036504-incomprehension-apres-mort-six-skieurs-aguerris-massif-queyras.html

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