mardi 2 septembre 2014

La mère d'Anas, noyé à Nakache : «On ne m'a pas autorisée à être plus près de lui à cause de mon voile»

Inconsolable. Plongée dans l'album de famille, Nora, la mère du petit Anas, 5 ans, retrouvé noyé samedi à la piscine municipale du parc des sports de Toulouse (piscine Nakache), ne peut retenir ses larmes. Elle et son époux, Hafid, que nous avons rencontrés hier, à leur domicile toulousain, veulent comprendre les circonstances dans lesquelles leur petit garçon est mort lors de la baignade dans le bassin central réservé aux enfants. Nora, la mère d'Anas, soutenue par sa famille et ses voisins, s'exprime pour la première fois.
Selon vous, que s'est-il passé au moment du drame ?
Je me suis rendue à la piscine avec Anas, son frère de 7 ans et un cousin. Peu avant 16 heures, Anas, qui mesure environ 1 mètre, était dans l'eau avec son frère et son cousin. Je n'avais pas accès au bassin ni à ses abords en raison de ma tenue vestimentaire. (NDLR : Nora portait le hijab, un voile laissant apparaître le visage et une tunique. Le règlement stipule que pour des raisons d'hygiène toute tenue vestimentaire n'est pas autorisée au bord du bassin.) Je ne conteste pas le règlement puisqu'il faut être en maillot pour avoir accès au bassin. Mais j'étais à environ 20 mètres de mon fils pour le surveiller. Soudain, j'ai entendu les enfants crier. Ils avaient repéré Anas au fond de l'eau. Un homme l'a remonté à la surface, les maîtres nageurs et la sécurité sont intervenus.
Qu'avez-vous fait ?
J'ai poussé des cris, des hurlements en voyant mon fils inanimé et dans cet état.
Que voulez-vous dire aujourd'hui ?
Pourquoi ne m'a-t-on pas autorisée à être plus proche pour le surveiller dans l'eau ? Il aurait fallu que je sois au moins à deux mètres de lui… Cela aurait été plus facile d'intervenir. Anas, se faisait une joie d'aller à la piscine. Il n'y avait jamais été auparavant.
Qu'attendez-vous de l'enquête ?
(NDLR : un couple de voisins, Alain et Samia, solidaires de la famille, poursuit l'interview.)
Nous ne rentrons pas dans les polémiques. Ce que nous souhaitons, c'est que l'enquête établisse les responsabilités de chacun.
C'est-à-dire ?
Alain, le voisin poursuit…
Cette famille qui a besoin d'être soutenue n'est pas là pour accuser qui que ce soit. Notre fille avait l'habitude de jouer avec Anas, qui était un enfant adorable, pas turbulent, ni un casse-cou. Il ne posait jamais de problèmes. S'il y a eu des défaillances, il faut que cela soit mis au jour. Pourquoi cette piscine n'est pas équipée d'un système sonore au fond du bassin pour alerter en cas de noyade ?
Le règlement précise que cette partie de baignade est placée sous la surveillance des parents ?
Oui. Mais la mère d'Anas a payé l'entrée de la piscine. Pourquoi dans ces conditions ne pas lui autoriser de surveiller son enfant en se tenant tout près ? Elle ne conteste pas le règlement, mais si elle paye l'entrée, c'est pour aussi être en mesure de pouvoir surveiller son enfant dans de bonnes conditions.
Qu'espérez-vous aujourd'hui ?
Il faut essayer de comprendre ce qui s'est passé et dégager les responsabilités de chacun. Pour que cela puisse servir de leçon et que ce drame horrible ne se reproduise plus.
Anas devait reprendre l'école cette semaine ?
Oui, il y a toujours son nom sur les listes. Il devait faire sa rentrée en grande section à la maternelle Anatole-France. La maîtresse est effondrée. C'était un petit garçon sage, docile qui ne posait aucun souci de comportement. C'était un ange.

Laurence Arribagé attend le résultat de l'enquête

Interrogée par «La Dépêche du Midi», Laurence Arribagé, adjointe aux sports à la mairie de Toulouse, a considéré ce lundi que «l'heure n'est pas à la polémique, mais au recueillement, à la compassion pour cette maman et sa famille dans l'épreuve, et à la recherche de la vérité s'agissant des conditions exactes dans lesquelles s'est noué ce drame».
À ce stade de l'enquête, l'élue du Capitole rappelle que le jour de la noyade du petit Anas, dix maîtres nageurs sauveteurs étaient en poste à la piscine Nakache. «D'un point de vue réglementaire, c'est un effectif largement suffisant pour assurer la sécurité des usagers du lieu de baignade», affirme Mme Arribagé, en notant par ailleurs que «la piscine Nakache n'a pas enregistré un pic de fréquentation le samedi 30 août. S'agissant de sa dimension, le dispositif de surveillance ne devrait pas être mis en cause», suggère l'adjointe aux sports.
Exprimant son «souci de ne pas ajouter à la douleur des parents du petit Anas», l'élue a voulu rappeler que «le règlement en vigueur à Nakache, s'agissant de la tenue des baigneurs, s'applique à tous, et dans toutes les piscines de France. De la même façon, tout enfant de moins de 10 ans doit être accompagné d'une personne de plus de 16 ans lorsqu'il se trouve dans l'eau», précise Mme Arribagé, admettant que «le règlement ne saurait constituer la seule réponse au drame qui nous attriste tous. C'est la raison pour laquelle une enquête est en cours, que le matériel de vidéosurveillance a été saisi. Comme les parents du petit Anas, il nous importe de savoir pourquoi et comment un enfant de 5 ans a trouvé la mort dans un bassin de la piscine Nakache».

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