lundi 22 septembre 2014

Drame de Lamalou : "On ne pouvait pas prévoir ce qui allait arriver"

L e maire, Philippe Tailland, s'explique après la dramatique nuit qui a endeuillé Lamalou-les-Bains.
Comment avez-vous géré les quatre derniers jours qui viennent de s'écouler après la catastrophe ?
Je dois reconnaître qu'il y a eu un petit flottement durant une demi-journée. Nous avons manqué d'organisation et tout le monde voulait tout faire. Mais très vite les choses se sont mises en place. Nous avons organisé des réunions, deux par jour à 9 h et 17 h, pour coordonner toutes les actions. Et finalement, tout s'est bien passé ces quatre derniers jours.
Une véritable chaîne de solidarité s'est mise en place. Quel est votre sentiment face à cet élan spontané ?
J'en suis extrêmement surpris, et de la meilleure des façons. On parle beaucoup d'individualisme... je peux vous dire qu'il n'en a pas été question, ici, à Lamalou. Les gens sont venus d'eux-mêmes apporter leur aide. Par exemple, un restaurant, qui ne se trouve pas sur la commune, m'a proposé de fournir des repas aux bénévoles.
À l'heure actuelle, comment peut-on venir en aide aux sinistrés ?
Du côté des vêtements, inutile d'en envoyer plus. La salle du théâtre en est pleine. Pour la prise en charge des sinistrés, c'est pareil. Dès la première nuit, nous avions 313 offres d'hébergement. En revanche, la ville a subi de gros dégâts. Là, la solidarité intercommunale a bien fonctionné et fonctionnera encore. J'ai vu des maires, des amis, venir bottés pour nous prêter main-forte. Mais le plus important, maintenant, au-delà de la remise en état de Lamalou, c'est de recenser les personnes en grande difficulté sociale qui ont tout perdu et qui ne nous demandent rien. Nous devons les aider.
"Comment aurais-je pu deviner qu'une telle vague allait dévaster le camping ?"
Une enquête est ouverte pour tenter d'établir les responsabilités. Regrettez-vous de ne pas avoir ordonné l'évacuation du camping ?
Je regrette qu'il y ait eu des morts. En tant que maire, il est difficile d'aller au-devant des gens après une telle catastrophe. Je suis satisfait d'avoir pu m'expliquer avec des personnes qui auraient pu nous en vouloir. Mais comment aurais-je pu deviner qu'une telle vague allait arriver et dévaster le camping et ses environs. Enfin, je suis heureux qu'une enquête soit ouverte. Elle permettra, notamment, de savoir si toutes les mesures prises dans le passé sont les bonnes (Ndrl : le plan de prévention du risque inondation).
Aviez-vous, mercredi soir, toutes les informations nécessaires pour prendre les décisions qui s'imposaient ?
Oui. Entre 19 h et 20 h, mercredi, j'ai effectué une reconnaissance dans la commune. L'Orb ne menaçait pas, le Bitoulet non plus. Juste avant la vague qui a balayé le camping, il n'y avait rien d'inquiétant, même si l'alerte orange avait été déclenchée. On ne pouvait pas prévoir ce qui allait arriver.
Vous avez été élu en mars dernier. Pensez-vous que le risque inondation a été correctement pris en compte sur Lamalou ?
Oui. Nous avons des plans de préventions des risques bien établis. Cependant, je regrette qu'il n'y ait pas eu d'échanges entre l'ancien maire et moi sur des dossiers importants, comme celui des inondations et de leur prévention. La fonction d'élu ne s'arrête pas aux opérations de dépouillement. Il y a eu des passations de pouvoir entre chefs de services mais rien entre maires.
"Je ne veux jeter la pierre à personne"
Selon vous, si l'embâcle qui s'est formé sur le Bitoulet avait été traité, la catastrophe se serait-elle produite ?
On va pouvoir le dire précisément dans les jours qui viennent. Ce qui est sûr, c'est que cet embâcle n'était pas constitué de bois mort mais bien d'arbres qui ont été déracinés. Leurs racines se sont entremêlées, certaines se sont fixées à la végétation environnante et tout cela a fait barrage. Jusqu'à la rupture.
À qui incombe l'entretien du Bitoulet ?
Sur notre territoire, à la commune et à certains riverains qui ne peuvent pas faire n'importe quoi. À Lamalou, les berges de Bitoulet étaient entretenues. Mais en amont, le nettoyage incombe à d'autres structures. Je ne veux jeter la pierre à personne. L'enquête qui est en cours doit faire toute la lumière.

http://www.midilibre.fr//2014/09/21/on-ne-pouvait-pas-prevoir-ce-qui-allait-arriver,1054475.php

Aucun commentaire: